[BaH cOmMe ToUt Le MoNdE pOuRqUoI ?]

" Aïe !! La vache!! "

Les larmes aux yeux, Eileen se tient le poing droit en serrant les mâchoires.
Des éclats de verre brisés scintillent à ses pieds, révélés par l'éclat de la lune qui semble nimbés tous les objets d'une lueur éthérée, mystique.
Elle sort un mouchoir de sa poche et l'enroule autour de son poing fermé, le fermant à l'aide de ses dents.

* Farid je te tuerais, tu m'avais juré que la porte serait ouverte!! *

Une fois que la douleur de sa main blessée ce fut un peu calmée, et qu'elle se soit assurée que personne n'avait remarqué qu'une vitre venait de se briser, elle passa son bras par la vitre, descendit sa main le long de la porte et trouva enfin la poignée, qu'elle ouvrit.
Hey ouais, ça s'ouvrait que de l'intérieur...
Elle tira son bras de l'ouverture qu'elle avait faite dans la vitre et ouvrit la porte.
Elle grimaça lorsqu'elle grinça.
Mais personne n'avait entendu, encore.

Elle regarda autour d'elle avec un frisson d'effroi.
Elle était déjà venue dans ce musée avec Farid ou avec ses frères, ou d'autres gosses du bidonville, mais toujours pendant la journée, et jamais seule.
Pourquoi? Déjà parce qu'elle avait horreur de l'ambiance.
Tous ces objets figés, cette poussière dans tous les coins, ces masques et statues effrayantes...
Oui, l'atmosphère était étrange, étouffante, elle sentait le...
Le vieux.
Mais bon, ce n'était pas le moment d'avoir la chair de poule, on avait besoin d'argent dans la famille, on passait par une époque très difficile en ce moment, et on va dire que Eileen appréciait d'avoir un toit et ne voulait pas le perdre, alors...
Bien évidement, ses parents n'apprécieraient pas son geste.
Enfin sa mère tout du moins.
Parce qu'Eileen doutait sérieusement des valeurs morales de son ex-mafieux de père...
De temps en temps il leur ramenait des cadeaux, mais ne précisait jamais où il les avait eu, et personne ne demandait, sauf Eileen, qui ne recevait en réponse qu'un sourire énigmatique et un : allez, va dans ta chambre c'est l'heure de se coucher!

Eileen sortit sa lampe-torche et l'alluma.
Elle était fière de cette nouvelle acquisition, trouvée lors de ces dernières fouilles dans les ordures qui venaient d'arriver.
Elle promena le faiseau lumineux sur les parois du musée, détaillant les tableaux et divers objets d'art, se demandant lequel ramenerait le plus d'argent, car il était hors de question qu'elle se casse avec un paquet d'objets encombrants, pas pratique...
Là, ce masque africain, était il cher?
Ou plutôt ce tableau, fait par un peintre italien qui était renommé, attendons voir comment il s'apellait déjà elle venait juste de voir ça en cours oh! Léonard de Vinci évidement.
Bien sûr, ça aurait été mieux s'il y avait eu la Joconde mais ça aurait parut suspect pour la vente...

Alors qu'elle examinait les différents objets, elle entendit un bruit.
Elle ne chercha pas à savoir si c'était des pas ou autre, elle éteignit précipitament sa lampe et roula sous une table du 16ème siècle pour se cacher, attendant, les battements de son coeur semblant lui remonter dans la gorge...

Eileen avait fermé les yeux, très fort, en voyant une paire de chaussures qu'elle n'arrivait pas à identifier à cause de la pénombre s'approcher de la table.
Comme si la personne qui se trouvait là allait disparaître ainsi...
C'était comme fond les enfants le soir : tant qu'ils ferment les yeux, aucun monstres, aucun affreux croque-mitaine ne peut les attraper, ils sont sauvés, car ils ne sont qu'imaginaires et en fermant les yeux zou!!! Ils dispairaissent immédiatement...
C'est du moins ce que s'était toujours raconté Eileen pour avoir moins peur dans sa chambre la nuit, jusqu'à être plus grande où elle s'était dit que quand même, il fallait arrêter d'avoir des peurs aussi absurdes.

Eileen finit par ouvrir les yeux, et faillit laisser échapper une exclamation de joie : la personne s'en allait!
Avec un peu de chance elle allait pouvoir s'en sortir sans dommages...
C'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce que le quelqu'un en question fasse craquer le plancher.
Et lâcha un juron.
Eileen fronça les sourcils.
Elle ne voulait pas dire que les riches ne juraient jamais, mais pourquoi le gardien s'effrocerait il de faire le moins de bruit possible dans le musée qu'il est censé surveiller?
ça n'avait aucun sens...
Prudement, elle roula sur le côté et sortit de sous la table.
C'est ainsi qu'elle vit Topaz Rumy.

Ou plutôt la silhouette longiline d'une jeune femme aux courbes généreuses et manifestement très belle.
Eileen se releva avec son éternelle moue boudeuse sur le visage, et avec les sourcils fronçés en prime, et chuchota:

" Mais qu'est ce que tu fiche ici toi? "

De toute évidence, elle aussi était venue faire main basse sur quelques objets pour avoir un peu d'argent.
Ben oui, réfléchissons : pourquoi quelqu'un du haut voudrait venir ici?
ce n'était pas non plus la gardien, ce ne pouvait être que quelqu'un du bas.
Mais Eileen se méfiait.
Normal en même temps : c'est pas à minuit dans un musée où on se prépare à voler des oeuvres d'arts coûteuses qu'on s'attend à faire des rencontres amicales...
Eileen attendit donc, sur ses gardes, que la jeune fille - car elle n'avait pas l'air d'être très âgée d'après ce qu'elle avait pu voir - se retourne.

Eileen scruta attentivement les traits de l'inconnue, maintenant qu'elle s'était retournée vers elle, elle pouvait voir son visage.
Heureusement, elle était habituée à sortir la nuit et voyait presque aussi bien qu'un chat, sauf qu'elle n'avait pas les mêmes pupilles que ces bestioles et que ça ne l'empêchait pas de se prendre un ou deux poteaux de temps à autre, soit parce qu'elle avait trop bu pour tenir debout et voir où elle allait, ce qui lui arrivait de plus en plus fréquement maintenant qu'elle était en pleine déprime de célibataire, soit parce que le poteau faisait exprès de se planquer^^.

Elle étudia donc la fille.
Encore une qui devait faire baver les mecs...
Elle avait un peau mate, elle était donc d'origine étrangère tout comme elle, sauf qu'Eileen avait la couleur de peau d'un bonhomme de neige!
Elle avait des traits et un visage plutôt fins, et une des plus jolies bouches qu'Eileen avait jamais vu.
Sa moue boudeuse s'accentua légèrement.
Elle n'avait décidément pas de chance, il n'y avait que des canons des cette ville, filles comme garçons, mais évidement les garçons ne la remarquaient pas vraiment, sauf par ses vêtements crottés et son éternelle allure de garçon manqué...
Elle avait l'air toute aussi nerveuse qu'elle, plus peut être, mais Eileen n'en aurait pas mis sa main à couper, cette fille avait l'air d'être quelqu'un de sûre d'elle, qui sait ce qu'elle veut, et qui l'obtient toujours, ou presque.
En gros, le genre de personne qu'Eileen aurait aimé être.
Même sa voix était magnifique.

* Si ça se trouve elle est chanteuse ou un truc comme ça... Peut être même mannequin, de toute manière je suis sûre qu'elle peut tout faire... *

Bon, en tout cas, son avis se confirmait : c'était bel et bien quelqu'un du bas, même si elle l'avait tout de suite deviné, elle en était sûre maintenant, qui d'autre aurait pu se trimballer la nuit dans un musée pour venir récupérer un porte-feuille? Sans doute voler d'ailleurs, mais Eileen n'allait pas se mettre à jouer les jeunes filles effarouchées étant donné que c'était exactement ce qu'elle était venue faire dans ce bâtiment, voler, et d'ailleurs elle comptait bien ne pas repartir les mains vides, même avec ce contre-temps!
Ben ouais, elle commençait à en avoir marre de se nourrir de p'tits LU le soir, c'était pas drôle, surtout quand il y avait de la soupe avec, beurk! Mais bon, dans le bidonville, on ne faisait pas la fine bouche, c'était tu manges ou tu crèves alors...

Elle croisa les bras en s'efforçant de prendre un air un peu hautain et d'avoir l'air sûre d'ellle, bien qu'en réalité elle soit plutôt morte de trouille...

" Pour l'instant le seul endroit où j'ai envie de tourner c'est dehors, parce qu'un musée en pleine nuit c'est peut être excitant mais pas franchement l'idéal pour causer. "

L'impact de ses mots avait peut être était un peu atténué par le fait qu'elle avait été obligée de chuchoter pour ne pas ameuter tout le quartier mais ils disaient bien ce qu'elle pensait, c'est-à-dire on se carapate en vitesse et je trouverait bien quelque chose d'autre à piquer pourvu que je ne me fasses pas prendre ce serait vraiment trop con d'aller en prison pour ça!!

" On se taille? J'ai laissé la porte de derrière ouverte, elle mène directement hors de l'enceinte du musée... "

Bon, pour les présentations et les politesses du style comment ça va? Moi bien y'a les flics qui nous collent au cul, ça viendrait après.

Eileen sentzit son coeur tambouriner à nouveau dans sa poitrine.
Comme quoi parfois elle pouvait totalement oublier sa présence au point de se demander si elle en avait un et il y avait des jours où elle avait bien envie de l'arracher tant il lui donnait l'impression qu'elle allait avoir un infractus immédiat.
Enfin, peut être que dans ce cas précis, c'est ce qui allait arriver, car il suffirait d'un seul petit bruit pas normal pour qu'elle se mette à hurler et à s'évanouir, non de père - hey quoi elle était bien Eileen Luengo non? - mais de nervosité, car là elle commençait vraiment à se sentir au bord de la syncope!
Pour donner un exemple illustrer, elle avait l'impression d'être dans un mauvais film d'horreur joué plus en noir qu'en blanc et où malheureusement elle ne serait pas l'assassin, ce qu'elle aurait préféré, mais la pauvre victime.
En tout cas ce ne serait pas un film américain, car elle n'était pas blonde, n'avait pas de magnifique décolletté et d'ailleurs n'avait pas le gabarit d'une héroïne de film...
La jeune fille, elle, aurait peut être pu faire l'affaire...
Au mieux, elle, elle serait figurante...

* Et oh, tu vas arrêter un peu de divaguer oui? C'est pas vrai, même dans des moments pareils il faut que je me fasses tout un film, je suis incurable, mon père pense que j'ai le cerveau fêlé mais non ! Le truc, c'est que je pense trop justement... *

Heureusement, s'invectiver de la sorte lui avait quelque peu remis les idées en place, et elle avait retrouvé un semblant de courage.
Ou un semblant d'aplomb qu'elle tentait de faire passer pour du courage, au choix.

Elle s'avança donc prudement dans les couloirs à la suite de la jeune femme, priant à chaque détour pour ne pas tomber sur quelque chose d'effrayant ou ressemblant de près ou de loin à un gardien de musée...
Par chance, après un million de tentatives d'infarctus de son pauvre organe cardiaque, elles arrivèrent à la porte.
Eileen faillit presque lâcher un soupir de soulagement, mais se retint.
Ce n'était pas encore tout à fait terminé...
Elle retint carrément sa respiration pour passer la porte, prenant le maximum de précaution dont elle était capable pour ne pas faire un bruit.
Elle ouvrit de grans yeux étonnés en se retrouvant dans la cour, derrière.
Ouaich, réussit!!!
Elle aurait voulu danser, crier, voire même sauter dans les bras de cette jeune inconnue dont elle ignorait jusqu'au nom, histoire de dissiper sa nervosité, mais la raison l'emporta.

Elle se tourna vers la fille qui lui souriait, et écouta ce qu'elle disait.

" Tu sais moi, une minute de plus dans c'truc pourri et je crois qu'je pétais un cable... Brr! On frôle la crise de nerf là-dedans! "

Elle finit par lui tendre la main, avec un grand sourire.
Pour une fois, son visage n'avait plus rien de renfrognée, elle paraissait presque jolie.

" J'm'appelle Eileen. Et toi? "

Quelle heure pouvait il bien être? Voilà une question plutôt intéressante...
Surtout qu'elle avait dit à Farid que si elle ne rentrait pas avant deux heures du matin, c'était qu'elle s'était fait prendre, ou qu'il y avait un problème, et que donc ce n'était pas la peine de l'attendre, et de repartir pour le bidonville précipitament raconter l'histoire qu'elle avait inventée pour ses parents... En espérant qu'ils y croient.
Sauf qu'elle n'avait pas été attrapée, du moins pas encore, et que si le délai était écoulé, elle était un peu dans la... euh c'était embêtant, parce qu'elle n'avait absolument pas envie de rentrer toute seule.
Oh non, elle n'était pas poule mouillée, ou chochotte, l'explication était très simple : elle tenait à la vie.
Car il fallait vraiment être suicidaire de se balader toute seule dans le bas-lanbere quand on est une fille, jeune, pas forcément repoussante [quoique de ce côté, les avis étaient partagés] et de toute manière tout était dangereux chez elle, elle en avait l'habitude, évidement, mais là, pour ce soir, elle trouvait qu'elle avait eut quand même suffisament d'émotions forte disons... pour une à deux semaines.
Bon, elle exagérait, c'était simplement un coup d'émoi passager!

Pendant qur Topaz se présentait, elle en profita pour regarder autour d'elle, la main toujours tendue, mais cela ne dura qu'une poignée de secondes, pourtant elle en nota des choses:
Tout d'abord, il faisait froid cette nuit. Elle voyait même sortir un peu de buée de leurs bouches.
ça, ça voulait dire qu'il était minuit passé!
Gloups! Mauvais signe.
La rue, de l'autre côté du bas muret, était tout ce qu'il y a de plus calme, normal, vu l'heure qu'il devait être...
Tout le monde n'avait pas pour but de venir cambrioler un musée!
Et pourtant, elles avaient été deux à avoir cette idée...
Alors qu'une partie de son cerveau enregistrait l'environnement dans lequel se trouvaient les deux jeunes filles l'autre partie était totalement concentrée sur la jeune femme.
Topaz... Un nom qui sonnait... Qui sonnait...
Exotique, bon ben oui d'accord mais il fallait bien en trouver l'origine!
Mexicain? Ouais, ça y ressemblait assez...
Elle avait un tout cas un étrange sourire, et cette façon d'entortiller ses doigts dans sa longue chevelure...
Elle devait être une as du charme ! Une experte en la matière...
Eileen ressentit une soudaine méfiance à l'égard de cette fille.
Peut être que, comme elle, elle venait du bas, mais c'était pas une raison pour baisser sa garde, bien au contraire...

Puis vint la parodie d'une rencontre à la Roméo et Juliette, qui énerva fort Eileen.
Elle retira brusquement sa main, avec un regard acide.
OK, fallait pas se faire des idées non plus, elle essayait seulement d'être polie, et mieux valait ne pas commencer à la chercher, surtout pas ce soir car elle était particulièrement sur les nerfs et prête à montrer les crocs!
Sauf que, comme dit le dicton : "chien qui aboie ne mord pas", et c'était plutôt vrai en ce qui concernait Eileen, du moins au début.
Elle était assez vigoureuse verbalement mais évitait quand même dans venir aux mains, étant donné qu'elle n'était peut être pas née avec le bon sexe pour se battre à main nue comme un chiffonnier!
Elle décida néanmoins de ne pas tenir compte de ce qu'elle prenait comme une moquerie, et bien qu'elle soit piquée au vif [car elle était extrèmement fière et facilement suceptible] et que ses yeux brillent d'un éclat qui avait plutôt mauvais signe, elle choisit de ne rien dire, de ne pas relever.
Mais sa bouche ne souriait plus du tout.

Puis vint la question de Topaz, cette fois sur un ton légèrement plus amical, du moins c'était ce qu'il lui semblait.
Elle lui demanda si ça l'intéressait vraiment ou si c'était juste histoire de faire la conversation avant de s'en aller raconter à tout le monde son escapade au musée.
C'est vrai, soyons sérieuse : pourquoi donc une fille comme Topaz voudrait elle faire la connaissance de quelqu'un comme elle?
C'était quand même assez bizarre, du moins pour Eileen.
Et oui, elle réfléchissait vraiment trop.
Essayant de ne pas prendre un ton trop virulent ou trop méfiant, elle dit:

" Me faire une séance de ciné évidement. Surtout à minuit et dans un musée. "

Sa remarque était évidement sarcastique, mais elle ne l'avait pas fait dans l'intention d'être méchante.
Il faut dire que la réponse à cette question était quand même très évidente, vu les circonstances...

" Je venais faire quelques courses spéciales... Et toi, ça à un rapport avec le porte-feuille que tu as sous la main? "

Elle savait bien que ce détail pourrait lui servir^^.
Eileen avait un remarquable sens de l'observation, mais ça n'empêchait pas le fait que parfois elle décroche, particulièrement en cours de maths, où elle sentait énormément d'énergies négatives autour d'elle !

[Ouais ben c'est toujours ça quand même XD]

Olé!
La réplique de Topaz c'était faite beaucoup plus froide et cinglante qu'elle ne l'avait imaginée...
Cette fille devait avoir un fouet à la place de la langue!
Hum... Quelle belle comparaison...
Avec ses grands airs et son ton acide, elle lui rapellait beaucoup Scarlett, une gosse de riche de son école qui ne pouvait pas la voir en peinture, et que Eileen détestait tout pareillement.
C'est vrai, elles avaient l'air d'avoir la même beauté empoisonnée.
Elle qui la trouvait sympa au début...
Rah, penser à Scarlett, ça la mettait vraiment en boule...
De fil en aiguille, elle en vint à se rapeller leur première rencontre, un souvenir vraiment... inoubliable.

flash-back [je sais pas pourquoi mais j'adore ce mot^^]

**

Eileen est assise à la cafétéria du lycée, seule évidement, qui voudrait venir avec elle de toute façon?
Mais elle s'en fiche, elle est parfaitement heureuse toute seule, au moins il n'y a personne pour l'ennuyer...
Comme de bien entendu, elle en en train d'écrire dans son cher journal, sauf que le cahier possède une couverture vert d'eau.
Elle parle un peu de tout mais surtout de rien en fait, elle se lamente particulièrement sur son physique (elle trouve qu'il s'est peut être arrangé depuis l'année dernière maintenant, mais c'est pas encore ça...).

" ... Résumons : J'ai un ventre de bébé, des hanches que je jugerait ENORMES, des jambes qui ressemblent à des pattes de poulet, ma taille ne doit pas excéder un mètre cinquante-six, on m'apelle face-de-lune dans ma propre famille et je ne sais même plus si ça à cause de mon teint de fromage blanc ou de mes boutons d'acnés, que mama à déjà qualifié de "cratères".
Franchement, je viens d'avoir seize ans et c'est vraiment l'angoisse... "

Alors qu'elle marque ses notes agréables sur son calepin, elle entend quelqu'un s'approcher, quelqu'un avec de hauts talons qui claquent d'une façon désagréable sur le sol.
Aussitôt, elle ferme son journal intime et le fourre dans son sac.
Elle relève la tête juste à temps pour voir Scarlett, la nouvelle - déjà bien connue auprès des garçons - s'asseoir à sa table.
Dans la cafétéria, le silence est complet.

-Tu n'attendais personne n'est ce pas?-

Le ton sur lequel elle lance le "n'est ce pas" agace fortement Eileen, mais elle se contente de hocher la tête.

-Parfait- ajoute la pimbèche, faisant claquer ses lèvres magnifiquement maquillées.

Puis elle commence à manger.
Eileen est si saisie qu'elle ne pense même pas à l'imiter, et pourtant c'est une vraire goinfre.
Mais qu'est ce que cette fille vient faire ici?
Celle-ci lui adresse un petit sourire, puis se penche vers elle.
Intriguée, Eileen en fait autant.
Scarlett ouvre la bouche, Eileen se demande ce qu'elle va dire...
Et se reçoit de la sauce de viande dans la figure.
Elle est tellement saisie qu'elle ne tente même pas de s'essuyer le visage.
Aussitôt, Scarlett se met à hurler:

-Eurk, c'est dégoûtant, les gens du bas-lanbere sont vraiment des porcs!!!-

Tous le monde, qui avait enfin cessé de les regarder, se retourne.
Et tout le monde éclate de rire.
Scarlett regarde Eileen d'un âir méprisant et lâche avec froideur:

-Tu croyais quoi? Que je voulais devenir ton amie?-

Depuis Eileen n'a plus jamais mangé à la cafet, elle apporte un sandwich ou quand elle n'en a plus les moyens elle va dehors...

**

Eileen releva la tête à la deuxième phrase de Topaz.
Son regard était triste.
Pas larmoyant ni mélancolique, simplement triste.
Déçue peut être.
Toute la tension qui habitait son corps depuis le début de la soirée l'avait quitté, pour ne laisser la place qu'à une immense fatigue mêlée à cette sourde tristesse qui transparaissait dans son regard.
Quand elle parla, ce fut avec une certaine douceur, voire de flegme, ce qui n'était absolument pas dans ses habitudes, loin de là, surtout qu'elle ne mâcha même pas ses mots comme elle le faisait:

" Tu parles exactement comme une fille du haut que je connais... Je croyais que tu était du bas. Est ce que c'est le cas? "

C'était une simple question, ni acidité, ni ironie, ni moquerie, rien.
S'être rapellé ce souvenir...
ça ne lui avait pas vraiment fait du bien au moral, et se dire qu'il y avait des gns qui avaient vécu pire qu'elle ne l'aidait pas, car elle se mettait après à culpabiliser d'être aussi égocentrique...
Un cercle vicieux en somme.

[Ouais trop XD les gens comme ça y méritent une bonne claque^^]

Evidement, ce n'était pas dans le genre d'Eileen d'être défaitiste, et elle avait horreur de se sentir triste, donc elle trouvait toujours un moyen pour ne pas le rester longtemps!
Et puis là, ce n'était qu'un petit coup de...
Nostalgie?
Enfin c'était vraiment bizarre ces mauvais souvenirs qui lui revenaient comme ça, soudainement, à un moment très approprié de plus, et sans réel rapport avec la situation - une cour noire derrière un musée dont la porte est fracturée - qu'il était d'ailleurs peut être temps de changer.
Elle dévisagea la jeune femme à nouveau, et constata avec surprise que celle-ci se mordait les lèvres et semblait en proie au remord.
Elle avait un peu de mal à comprendre...
D'abord elle se moquait d'elle en ridiculisant son geste, du moins c'est ce qu'elle pensait, et ensuite elle se mettait à l'incendier verbalement, er au lieu de l'enfoncer davantage comme n'importe qui et surtout une fille comme ça l'aurait fait, elle avait l'air de se rependre.
Ce serait elle trompée quelque part?
Peut être était ce elle qui avait commis une bourde en prenant son geste comme une tentative de moquerie, et non d'humour.
Oui, peut être qu'elle avait juste voulut faire de l'humour.
Mais ça, évidement, Eileen ne l'avait pas comprit, parce qu'elle était trop méfiante, parce qu'elle n'était pas habituée à ce qu'on soit gentille avec elle, parce que la fille en face d'elle était si jolie qu'elle en était un peu jalouse, et parce qu'elle avait un caractère de... un sale caractère, elle s'était immédiatement rebiffée sans chercher à aller plus loin.
Finalement, elles avaient été aussi stupides l'une que l'autre.
Et du coup, il serait peut être temps de réparer cette erreur.

A peine Eileen ouvrait la bouche pour s'excuser, car elle n'était pas très fière de sa dernière réplique - bien qu'elle la pensa - Topaz se mit à parler.
Eileen en fut coupée dans son élan.
On était loin de la voix arrogante et cynique de tout à l'heure.
Elle était plutôt triste celle-ci, basse, comme fatiguée.
Eileen commença à se sentir mal.
Allons donc, elle avait été si mauvaise que ça avec elle?
La question qu'elle posa était plutôt étrange, mais cela plu assez à Eileen.
Elle lui demandait son opinion, plutôt sympa de sa part, autant qu'inattendu.
Eileen ne fit même pas semblant de réfléchir, et répondit du tac au tac:

" A mon avis, tu n'a pas besion d'entendre la réponse, tu la connais d'jà non? "

Eileen souriait.
Mais oui oh la la vous avez bien entendu, elle souriait.
Et oui, ça arrive même aux plus grognons!
Elle lui tendit alors la main, à nouveau.
Plutôt courageux de sa part, étant donné qu'il était fortement probable qu'elle se prenne un énorme vent!

" Et si on reprenait du début? Sans les masques... "

[Mouais moi aussi un peu fatiguée ce soir lol]